Farfouille

zigzags en dilletante

Un reader, c’est un peu comme un tigron

C’est mignon, un tigron. ça a de la classe. C’est original et ça en jette. Mais son avenir est plutôt bouché.

En fait c’est très simple : quand un tigre rencontre une lionne (oui, les amours impossibles ne sont pas réservés au genre humain), ça donne un tigron.

tigre + lionne = tigron

ron et ron et patatigron

Là où ça coince un peu, c’est que le tigron ne peut pas se reproduire (ou alors ça donne des résultats génétiquement catastrophiques, une sorte de sous-félin arriéré qui ne sait même pas se friser les moustaches, si vous voulez).

Et pourquoi on parle de ça? La question que je me pose (et vous vous en doutez peut-être), c’est bien sûr de savoir si le Sony Reader (le PRS-650, donc) ne serait pas une sorte de tigron électronique. Je crois – malheureusement – que le oui est inévitablement la seule réponse qui puisse vraiment s’imposer :

  • Dans un monde hyperconnecté – et corollairement hypermarchand -, ne pas avoir de wifi reste un handicap majeur, spécialement parce que cela permet de mettre en avant d’autres service dans la chaîne des industries culturelles (à savoir un portail marchand du type de celui du Kindle/Amazon) – même si (à mon avis) dans l’absolu, ce n’est pas si grave que ça. Et là, je sors un argument de vieux (qui n’a aucun avenir, un argument tigronné en fait) : ne pas être connectable durant une lecture numérique, ce n’est pas si mal, et ça permet de se concentrer un peu mieux que d’habitude, lorsqu’on est branché à un ordinateur. Voilà, l’argument vaut ce qu’il vaut : il est très léger et pas convainquant. Cela dit, on peut comprendre l’hésitation de Sony. Après tout, ils mettent en avant une liseuse qui peut durer très longtemps sans être rechargée. Cette prouesse technologique serait réduite en miettes avec l’intégration d’une connexion wifi (qui est une forme de vampire numérique, en somme).
vampire énergétique

un vampiwifi

  • Le noir-blanc est, technologiquement parlant, une préfiguration d’un monde en couleurs. Les premières liseuses en couleur ont fait leur apparition (même si ce n’est pas encore convainquant – voir le Nook de Barnes & Noble). Cela me donne à penser qu’en 2011 ou 2012, la lecture numérique devrait connaître un certain essor, enfin j’espère! On pourra reparler à propos des prédictions faites concernant la fin du livre, bien entendu 😉 .
  • Le Sony Reader que je possède reste peut-être encore une solution un peu trop complexe pour le grand public (puisqu’il faut apprendre à télécharger des fichiers, à installer un logiciel, à le connecter à la machine, bref être un peu à l’aise dans l’import et l’export de documents). Qui plus est, il faut vivre à côté d’un ordinateur, lorsqu’il faut charger la liseuse. Dans l’état actuel, il me semble que ce seront seulement les personnes vraiment motivées par la lecture numérique – et qui en acceptent les limitations actuelles – qui peuvent supporter ce genre de désagréments. c’est un peu malheureux à dire, mais on se dirige vers une appelisation du monde : tout doit être servi sur un plateau pour le consommateur, à qui il ne reste plus qu’à payer. C’est aussi ça qui est intéressant avec ces produits intermédiaires : on peut jouer avec, en tester les limites, farfouiller dans des pots communs de fichiers torrents, et écrire des articles de blogs ^^ .
  • Ce n’est PAS le support qui est important, c’est déjà le FAIT d’avoir des fichiers dédiés (les epub, donc – mais d’autres formats feront peut-être leur apparition – ce d’autant plus que l’epub est dédié quasi-uniquement pour l’affichage de texte – le marché florissant de la bande dessinée – et bientôt de la bande dessinée numérique n’y trouvera probablement pas son compte).
  • La sphère francophone est à ce égard vraiment trop embryonnaire. On n’y trouve presque rien comme ebook acceptable ou intéressant. Certes, on peut se procurer très facilement la crème des bests-sellers (Millenium en pdf, Houellebecq en epub et plusieurs Bernard Werber – mais celui-là je n’en veux pas même gratuitement. Beurk.), mais c’est cent fois trop limité. Alors le temps que le marché francophone se mette à niveau (ce qui est une problématique différente des ebooks), il est certain que l’ensemble des liseuses actuelles seront dépassées.

La question à 1 dollar: le diagnostic de tigronnité ayant été posé, il sera intéressant de voir comment Sony va récompenser (ou non) ses early adopters : ceux qui sont prêts à payer le prix fort pour acquérir une technologie pas encore mûre et qui n’a pas encore un avenir assuré. Est-ce que Sony va leur accorder des rabais sur des achats ultérieurs, est-ce que Sony est prêt à reprendre leurs machines dépassées? C’est ce qu’ils ont fait aux Etats-Unis (mais pas en Europe, et on peut se demander pourquoi!!).

Post-scriptum : et que se passe-t-il, quand c’est un lion qui fricote avec une tigresse? Un ligre, bien sûr!

30 novembre 2010 - Posted by | Web 2.0 3.0 4.0 .... | , , ,

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